Le vitrail contemporain

Loin des cathédrales et des châteaux, le vitrail s’invite désormais dans les maisons modernes. Cloisons en verre coloré, panneaux décoratifs, ouvertures lumineuses sur un salon ou une cuisine : le savoir-faire ancien rencontre de nouveaux espaces.

Christine Charbonnel crée aussi pour les particuliers. Chaque commande est unique, pensée avec le lieu, les envies, la lumière. Certains souhaitent une touche Art Nouveau dans leur entrée, d’autres un jeu géométrique inspiré du Bauhaus. Le vitrail devient alors une œuvre sur mesure, un élément d’architecture vivant.

Ce qui change ? Les formes, les couleurs parfois, mais pas la méthode. Chaque pièce est toujours coupée à la main, peinte si nécessaire, sertie, soudée. Même dans un contexte contemporain, la lenteur du geste reste essentielle. Et c’est peut-être ce paradoxe — tradition et modernité — qui fait toute la richesse du vitrail d’aujourd’hui.

Plus qu’un décor, c’est une lumière pensée. Une manière d’habiter un espace avec poésie. D’imaginer un lieu non seulement fonctionnel, mais vibrant. Et quand le soleil traverse ces verrières modernes, c’est tout un intérieur qui prend vie, en échos subtils de couleurs.

La mémoire en verre

Dans chaque morceau de verre coloré se cache un éclat du passé. Les vitraux anciens ne sont pas de simples ornements : ils sont des fragments de mémoire, des récits de lumière figés dans le plomb. Restaurer un vitrail, c’est alors bien plus qu’un travail d’artisan : c’est une mission de transmission.

Christine Charbonnel l’a appris sur le terrain, d’abord sans guide, puis avec la rigueur qu’elle s’est imposée. Lorsque l’on confie à son atelier un vitrail d’église ou de chapelle abîmé par le temps, l’humidité ou la négligence, elle commence par écouter le silence du lieu. Comprendre les couleurs d’origine, deviner les gestes du maître verrier d’hier, repérer les plombs fatigués, les verres fêlés mais encore vivants.

Chaque intervention est faite avec respect : démonter, nettoyer, consolider, recréer parfois un motif effacé en s’inspirant de l’existant. Le but n’est jamais de trahir, mais de prolonger l’intention première. Travailler sur un édifice religieux, c’est aussi être en contact avec les habitants, les paroisses, les municipalités. C’est une œuvre collective et sensible.

Aujourd’hui, une cinquantaine d’églises et chapelles ont retrouvé leurs couleurs grâce à ses mains. Et chaque fois, le résultat émeut : la lumière passe à nouveau, les silhouettes reprennent forme, et le lieu respire.

Le vitrail restauré n’est pas seulement sauvé : il est réanimé.

Lumière d’art : les vitraux de Christine Charbonnel

C’est dans son atelier de Saint-Pierre-en-Faucigny, que Christine Charbonnel, Maître Verrier, Meilleur Ouvrier de France 2004, spécialité Vitraux d’art, réalise ou restaure les vitraux, selon les techniques traditionnelles.

Derrière la façade discrète de son atelier, c’est tout un monde de lumière, de verre et de patience qui s’anime. Christine Charbonnel fait partie de ces rares artisans capables de dompter le feu et la couleur pour redonner vie à un art séculaire : le vitrail.

Formée auprès des meilleurs et guidée par une passion précoce pour la lumière, elle mêle aujourd’hui maîtrise parfaite du geste et regard contemporain. Dans ses mains, les feuilles de verre deviennent des œuvres vivantes. Chaque pièce est soigneusement découpée, polie, peinte, sertie de plomb, puis soudée, dans le respect absolu des techniques anciennes.

Son savoir-faire s’exprime autant dans la restauration d’un vitrail du XVe siècle que dans la création contemporaine pour une maison particulière, une église, ou un bâtiment public. Chaque projet commence par une écoute : des lieux, de leur histoire, de leurs usages, mais aussi des désirs des commanditaires. Puis viennent les esquisses, les choix de teintes, de textures, d’opacité. Rien n’est laissé au hasard, mais tout semble naturel, presque évident.

Être Meilleur Ouvrier de France, ce n’est pas seulement détenir un titre : c’est porter une responsabilité, celle de transmettre, de maintenir un niveau d’exigence exceptionnel, et de faire rayonner le métier. Christine Charbonnel accueille régulièrement des apprentis dans son atelier, partage ses gestes, ses conseils, et son amour du travail bien fait.

À l’heure des technologies numériques et des productions rapides, son travail nous rappelle l’importance du temps lent, du geste précis, de la beauté artisanale. Un vitrail, c’est bien plus qu’un décor : c’est une fenêtre sur une lumière pensée, filtrée, colorée. Une émotion à travers le verre.

Et lorsque le soleil traverse enfin une de ses créations, c’est toute une pièce qui s’anime, comme si la lumière elle-même rendait hommage à l’art de celle qui l’a apprivoisée.