Dans chaque morceau de verre coloré se cache un éclat du passé. Les vitraux anciens ne sont pas de simples ornements : ils sont des fragments de mémoire, des récits de lumière figés dans le plomb. Restaurer un vitrail, c’est alors bien plus qu’un travail d’artisan : c’est une mission de transmission.
Christine Charbonnel l’a appris sur le terrain, d’abord sans guide, puis avec la rigueur qu’elle s’est imposée. Lorsque l’on confie à son atelier un vitrail d’église ou de chapelle abîmé par le temps, l’humidité ou la négligence, elle commence par écouter le silence du lieu. Comprendre les couleurs d’origine, deviner les gestes du maître verrier d’hier, repérer les plombs fatigués, les verres fêlés mais encore vivants.
Chaque intervention est faite avec respect : démonter, nettoyer, consolider, recréer parfois un motif effacé en s’inspirant de l’existant. Le but n’est jamais de trahir, mais de prolonger l’intention première. Travailler sur un édifice religieux, c’est aussi être en contact avec les habitants, les paroisses, les municipalités. C’est une œuvre collective et sensible.
Aujourd’hui, une cinquantaine d’églises et chapelles ont retrouvé leurs couleurs grâce à ses mains. Et chaque fois, le résultat émeut : la lumière passe à nouveau, les silhouettes reprennent forme, et le lieu respire.
Le vitrail restauré n’est pas seulement sauvé : il est réanimé.